J’écris de la dark romance et j’en suis fière (partie 2/2)

Chani // août 30 // 2 Comments

 

Revoilà la geek relou qui a viré du côté obscur de la Force. Après avoir défendu les lectrices de dark romance cf. cet article, j’en viens maintenant à défendre les autrices. Oui, autrice. Et ne me dis pas que tu trouves que ce mot est moche, c’est le vrai terme mais Guez de Balzac (pas le grand Balzac, un autre un peu mesquin), l’a fait interdire en 1500 et l’académie n’a jamais voulu le réhabiliter. On se demande pourquoi?

Revenons à nos moutons électriques, je suis autrice de dark romance et permets-moi de t’expliquer pourquoi…

Parce que, si, la dark romance a des choses à dire

 

J’écris depuis quinze ans, de la SF pour commencer mais comme il doit y avoir 10000 lecteurs à tout casser en France et que je veux vivre de ma plume, tu comprendras que je suis passée à autre chose. Et puis j’ai vieilli, mon engouement pour les cyborgs et les super pouvoirs est un peu retombé…

Alors, j’avais le choix entre le thriller: des mecs qui découpent des femmes (vive les clichés!) et la romance. J’ai choisi la romance parce que j’aime bien les histoires d’amour. Et après avoir écrit des trucs drôles et mignons, j’ai eu envie d’écrire un truc plus dark. Parce que j’ai besoin de comprendre l’humain. Sinon, je ne serais pas écrivain.

Jim Carey tape comme un taré sur son clavier, OK il écrit certainement pas de la dark romance
tout écrivain inspiré ressemble à ça en vrai

Je t’ai dit en râlant (et en provoquant bien sûr) que les vrais écrivains engagés n’existent plus (à part Tata Paulette qui écrit ses mémoires). Pourtant, je crois que tout écrivain, et à plus forte raison , une autrice, a pour mission de décrire le monde qui l’entoure pour le passer à la postérité, bien sûr, mais aussi pour influer sur le présent.

Une histoire est une thèse émise dans un langage émotionnel. Pas d’arguments froids et logiques, juste une plongée dans un cœur qui n’est pas le sien, pour ressentir d’autres émotions, adopter un autre point de vue, un voyage vivant qui changera le lecteur de l’intérieur ou, plus modestement, lui permettra de comprendre une vérité trop complexe pour être expliquée rationnellement.

Et pour ce faire, qu’importe la morale. Qu’importe le réalisme. Au delà de la vérité et de la justice, une bonne histoire n’a pas d’autre but que de nous transcender, d’amener à la catharsis. Une histoire n’est jamais qu’une musique qui finit en feu d’artifice pour déclencher une étincelle de changement. Qu’importe qu’on écrive du rap ou du classique, c’est l’émotion qui prime, c’est l’émotion qui gagne. C’est l’émotion qui nous fait changer pas la logique. Et cela, les politiciens l’ont bien compris.

Parce que les meufs qui pondent de la dark romance, elles savent écrire aussi…

 

Alors, j’avoue que ma nouvelle historique qui a gagné un  prix avait une plume nettement plus déliée que ma romance geek qui se veut drôle et sans prise de tête. Mais ma dark romance qui veut rendre hommage à Rimbaud (qui m’avait tout l’air d’être un sacré petit con et pas qu’avec les femmes…), est nettement mieux écrite que les trois quarts de mes bouquins de SF. Alors, non, non. Je refuse qu’on décide d’emblée sans m’avoir lu que j’écris mal juste parce que j’ai décidé de tenter la dark romance. Et j’attends que le mec qui critique ma plume me montre la sienne. PS: une prose truffée de mots improbables, ce n’est pas beau, ce n’est en général pas digeste, sauf, si on est un vrai grand poète comme lui:

assurance tourix triporte sa harpe en chantant faux comme une casserole si on en crois ses notes de musiques
ouais, ça ce trouve, ce que j’écris ressemble à ça aussi… m’en fous, c’est mon idole!

De toutes façons, le style, les mots, ne sont que la forme, ce qui compte, c’est le fond.

Sous mon autre pseudo, j’ai écrit un technothriller avec un psychopathe versus un empath confronté à une catastrophe technologique dont le pitch était «pourriez-vous affronter la fin du monde avec un homme en qui vous n’avez aucune confiance?». Malgré les horreurs que contient ce livre, l’intention était évidente. C’était une thèse et j’ai été au bout. Ma dark romance a été écrite de la même façon. Je prends un thème, je crée des personnages qui illustrent le thème et je les laisse évoluer. Je les regarde grandir ou se flétrir.

Une histoire sert à analyser l’humanité et, si possible, à la changer. Et ouais, ça sert aussi à râler sur le monde. J’avais des choses à dire qui ne passaient ni en romance classique, ni en SF, ni en thriller et qui nécessitaient du sexe, car il y en a des choses à dire sur ce sujet. Alors je les ai dites et avec autant de sérieux que si j’avais pondu un essai philosophique ou une synthèse technique sur l’intelligence artificielle.

Bah alors, elle n’ont qu’à écrire du thriller plutôt que de la Dark romance ces dé…

 

Avec mon technothriller, personne est venue me voir pour me dire que j’étais dégénérée (mot que j’entends souvent en parlant des lectrices ou des autrices de dark romance). Alors j’aimerai qu’on m’explique: pourquoi un auteur de thriller peut explorer le côté sombre de l’humanité (Dark Side ;)) et une auteure de dark romance n’a pas le droit de le faire?

Il n’y a aucune raison logique. Si ce n’est une sorte de gêne étrange et malsaine face au sexe et dans une moindre mesure, face à la violence. Car ne nous leurrons pas, notre société tolère au cinéma et dans le monde réel, la mort, la torture, la souffrance. Par contre, elle se sent très mal à l’aise face au sexe et au plaisir, et à l’amour (qui va quand même avec). Alors quand on ose parler des deux… OMG!

Mais il y a pire je crois. J’ai l’impression que c’est plus profond. Qu’on tolère les femmes qui écrivent de l’érotique tant que c’est culcul la praline (mummy porn). Mais si elles vont plus loin, explorent d’autres voies, veulent dire des vérités qui dérangent, là, on ressort le bon vieux bûcher (souvenir d’une belle époque qui reviendra bien assez tôt, merci Trump et Daesh!). Et pour info, à l’air victorienne, les femmes soupçonnées d’être débauchées étaient internées et leur biens revenaient à leur mari. C’était super pratique à l’époque et souvent utilisé pour se débarrasser d’une nana qui vieillissait. On a peut-être gardé quelques habitudes inconscientes…

la sorcière maléfique porte des cornes et est entourée d'une aura empoisonnée
je te préviens, elle un jour, je lui écrirai une &%€* de dark romance

Alors, j’écris de la dark romance et…

 

Donc je sais qu’on va me critiquer, me juger, ou pire me moquer. Mais je n’ai pas pour habitude de laisser la société dicter ma conduite. Donc, si je n’ai pas le droit d’écrire de la dark romance, je prendrai le gauche et j’emmerde tous ceux qui me montreront du doigt.

J’écris de la dark romance et j’en suis fière. De la mienne en tout cas. Je ne dis pas que certains ouvrage ne manquent pas de sérieux. Mais c’est valable aussi pour les films de testostérone qui font passer les russes, les afghans, les chinois, whatever, pour des méchants et où on voit flotter le drapeau américain à chaque plan de caméra. On va pas interdire aux hommes (ou aux femmes) d’écrire du technothriller pour autant, non?

Alors? Bordel!

sur fond de plume obscure un texte en rouge sang, "j'écris de la dark romance et j'en suis fière"

Et merci à Geny H David d’avoir créé cette bannière te de se battre pour faire connaître le genre.

Et toujours, si tu veux lire le début de ma romance dark side, c’est ici:

Désolée, l'inscription est désactivée, je suis en train de mettre à jour mon système informatique oO Reviens dans une semaine N’oublie pas de vérifier tes emails pour valider ton adresse!

symbole biohazard: six pointes agressives s'entrêmêlent sur un panneau triangulaire Romance geek ou pas, la dark reste de la dark. Ce n’est pas pour les moins de 18 ans.

 

À propos de la bestiole:

Chani Brooks

Auteure de romances légères à tendance Geek litt' ou de romances paranormales, plus dark…

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